[i566] DE LA VILLE DE PARIS. 43

LXXXI. — Pour apposer en place de Greve trois testes de chefz [rebelles].

3 i juillet i568. (Fol. 99 v°.)

Ce jour d'huy dernier jour de Juillet mil v° soixante huict, [est venu] noble homme Florend Roux, filz et lieutenant du grand Prevost de monseigneur le duc d'Anjou, frere du Roy, Lieutenant general de Sa Majesté, lequel a declairé que, par commandement du Roy, de ia Royne et de mondict seigneur, il a faict apporter par Alexandre Chantier, archer dudict Prevost, trois testes des corps des personnes cy après nommées, asscavoir l'une du cappitaine Cocqueville'¹', chef et general de l'armée des séditieux, rompue et deffaicte à Sainct-Vallery par mons^r de Cossé '²⁾, mareschal de France, l'autre du cappitaine Vaillant, maistre de camp de ladicte armée, et la troisiesme du

cappitaine Lambin, cappitaine des gens de cheval dc lad. aimée. Lesquelles testes le Roy, la Royne et mondict seigneur commandoient à Mess™ les Prevost des Marchans et Eschevins faire mectre et apposer sur posteaux en telles places et marchez publicqz qu'ilz adviseroient, pour l'exemple public, avec ung tableau contenant les noms desdictz séditieux; et, pour sa décharge, en clemandoit acte.

Ce faict, a esté advisé par mesd. s^rs que lesd, testes seront mises en la place de Greve sur une potence double, pour les occasions dessusdictes, comme lieu le plus eminent. Ce qui a esté faict et executé ledict jour, de rellevée.

MOIS D'AOUST.

LXXXII. — Enseigne depose'e ès mains d'un capitaine pour marque d'honneur.

9 août i568. (Fol. 100 r°.)

t: Lesdictz sieurs, considerans les bons et vertueulx offices que le s^r Daubray, bourgeois de ladicte Ville, et l'un des cappitaine des gens de guerre soldoiés par icelle, a faictz cy devant à lad. Ville audict estat, et en faveur d'iceulx, ont ordonné et ordonnent que

l'enseigne qui luy n esté baillée pour servir en sa compaignée, demourera entre ses mains, pour luy servir à l'advenir de tiltre, memoire et marque d'honneur. "Faict au Bureau, le ix^c jour d'Aoust m. v° lxviii. .. Signé : tt Debray ».

LXXXIII. — [Lettre du Roi pour l'élection du Prévôt des Marchands^.]

11 août 1568. (Fol. 101 r°.)

"De par le Roy. "Très chers et bien amez, d'aultant que, s'apro-

chant le temps auquel, [suivant] les anciennes coustumes et statuz de nostre bonne ville de Paris, vous

C) François de Cocqueville, gentilhomme picard, l'un des chefs les plus énergiques de la Conjuration d'Amboise. La paix ne convenait pas à son activité, aussi avait-il accepté avec empressement la mission de conduire dans les Pays-Bas des secours au prince d'Orange qui avait grand'peine à résister au duc d'Albe. Secondé par Vaillant, Saint-Amand et d'autres capitaines licenciés lors du traité de Longjumeau, il assembla en Picardie un corps d'environ 600 arquebusiers et 200 chevaux, avec lesquels il s'empara de Doullens, puis livra au pillage l'abbaye de Dammartin. Le duc d'Albe, instruit de ce mouvement, se plaignit à Charles IX. Le prince de Condé, au rapport de Castelnau, désavoua Cocqueville, et, d'après Tavannes, l'amiral de Coligny rejeta également toute responsabilité dans cette entreprise. Alors le Roi envoya en Picardie le maréchal do Cossé qui fut introduit par trahison dans Saint-Valery, où le chef huguenot s'était renfermé. Après s'être vaillamment défendu dans la maison qu'il habitait, Cocqueville se rendit sous la promesse, dit-on, de la vie sauve. Conduit prisonnier à Abbeville, il y eut la tête tranchée avec six de ses principaux officiers. (Voir Haag, La France protestante, édition H. Bordier, t. IV, col. 486.)

<-' Artus de Cossé, comte de Secondigny et seigneur de Gonnord, frère cadet du maréchal de Brissac, né vers 1512, mort au chàteau do Gonnord (Maine-et-Loire) le i5 janvier i582. Il fut successivement Surintendant des finances (i563), grand Panetier dc France ( i564), Maréchal de France ( 1567), P^u'^s Gouverneur de l'Orléanais (1570).

⁽³⁾ Cette lettre a été transcrite sur le Registre après les trois mandements qui suivent, ll nous a semblé plus logique de la faire figurer à sa date, faute d'indication dujour de son enregistrement.